Un passager clandestin dans les bagages...

Peut-être ne le savez-vous pas mais Philippe et son vélo à voile sont attendus courant janvier à Gagué Chérif, pour participer à la création d'un spectacle itinérant qui mêle théâtre d'ombres chinoises, conte traditionnel, vidéo-performance et combats de lutte. Et son rôle n'est pas petit ! Voici l'histoire...


M'BIDA EST REVENU
un conte moderne, burlesque et truculent en ombres chinoises

Il était une fois un très jeune paysan nommé M’bida. Il vivait heureux dans son village du Sine Saloum au Sénégal. Il était fort, très fort ! Tout le village en était très fier. Et quand, le soir retentissait l'appel des arènes, il était toujours le premier à enfiler son pagne et à défier ses concurrents.
A la lutte, personne ne pouvait rivaliser avec lui et tout le monde savait que bientôt, M'bida serait le meilleur lutteur du Saloum, le meilleur lutteur du Sénégal et même le plus grand lutteur d'Afrique.
Un jour pourtant, un camion rempli de soldats est arrivé dans le village. Parmi eux, un chef toubab aux oreilles rouges et à la langue de serpent. Il a déclaré que tous les hommes valides du village devaient partir au pays des Blancs pour faire la guerre et M’bida fut emporté avec les autres.
On les envoya sur le front combattre d'autres Toubabs dont ils ne savaient rien. Très vite, M'bida se retrouva en première ligne. On disait que les gris-gris protégeaient les tirailleurs des balles de leurs ennemis. La vérité, c'est qu'ils tombaient comme des mouches. Blessé à la tête, M'bida devint muet comme un yaboye et perdit la mémoire…

Après guerre, il erra des années dans le pays des Blancs. Il devint artiste de cirque  travailla pour le cinéma, servit de doublure à King Kong, fit de la prison pour défaut de papiers. 

Plus tard, il partagea la chambre d'un balayeur au foyer des immigrés et crut au discours du président des toubabs qui jura, la main sur le coeur, que les tirailleurs allaient enfin recevoir leur pension d'ancien combattant.
Mais ce n'étaient que des mots et M'bida devint vieux. Son ami le balayeur aussi.  Ils rêvaient tous les deux d'un retour au pays. Chaque jour, ils recevaient la visite de Coco, un infirmier qui avait l'habitude de passer au foyer soigner quelques vieillards en attente eux aussi de rentrer au pays.

Le président suivant qui était plus petit annonça lui aussi que les pensions allaient être reversées et il organisa un grand défilé sur les Champs Elysées avec tous ses amis venus des anciennes colonies. M'bida décida de tenter sa chance une dernière fois et Coco l'infirmier se proposa de l'emmener à bicyclette. Ils défilèrent ensemble sur les Champs Elysées entre deux bataillons de soldats aussi noirs que du charbon. On ne les prit pas au sérieux. Alors M'bida, furieux, brandit une pancarte. On pouvait y lire : "Je suis un sans-papiers".
Aussitôt le petit président le saisit au collet (il était monté sur un grand tabouret pour y parvenir) et le jeta dans un charter. C'est ainsi que M'bida est revenu.

Resté seul au foyer, le balayeur s'inquiéta pour M'bida et décida de partir à son tour. Incapable de payer un billet d'avion, il réussit à convaincre Coco l'infirmier de l'emmener à bicyclette.


Vous avez certainement compris que c'est ce vieux balayeur que Philippe ramène dans ses bagages. Caché au fond d'un sac, il traverse le désert pour aller retrouver son ami le lutteur débarqué récemment au Sénégal. Ensemble, ils partiront dans le Sine-Saloum à la recherche du village natal de M'bida et raconteront leur histoire.
Sept représentations sont prévues entre le 31 décembre 2010 et le 25 janvier 2011. Spectacle proposé par l'association Face à Face en partenariat avec Cinébop, les villages de Gagué Chérif, Falène, Missira, Keur Farba, Joal et Djilor.

1 commentaire:

  1. Pour venir assister au spectacle, rendez-vous au campement de Gagué Chérif, sur la route entre Djilor et Foundiougne. Sine Saloum.
    Logement et restauration (payants) sur place possible.

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